Elliot a cinq mois. Il attrape ses pieds avec vivacité et veut porter ses petits doigts de pied à la bouche. Il gigote plus qu’un asticot quand il projette ses jambes sur le côté. Il commence par les grouper puis, il roule sur le côté en les projetant plusieurs fois vivement. Il cherche ainsi à se retourner sur le ventre afin de s’approcher de cette matière qui le soutien qui l’environne et la goûter.
Bébé explore son environnement avec sa bouche. Il ne se contente pas de porter les objets à sa bouche pour en connaître la nature, il se tourne ou se penche vers ce qui n’est pas saisissable, comme un mur, un sol, un objet volumineux.
Il n’apprécie cependant pas les distances et est capable de se tourner de la hauteur où il est couché ou assis vers le sol, ce qui aurait pour conséquence une terrible chute. De ses mains, il tente de saisir ce qu’il voit. Ce peut être un lustre trop haut, une assiette sur la table, un bol que je porte à mes lèvres.
C’est aussi la période pendant laquelle il découvre le visage de celui ou celle qui le porte. Au par avant, il ne pouvait distinguer nos visages, soit qu’ils étaient trop près pour être perçus, soit qu’il ne pouvait les différencier du reste de son champs perceptif. Désormais, il découvre un visage en face du sien, d’un air étonné mais toujours enthousiaste.
C’est fou ! Complètement impressionnant d’assister à ses découvertes qui petit à petit vont l’amener à prendre possession de son environnement et grandir selon un schéma classique de développement d’un petit d’homme. Nous, adultes, nous émerveillons de ses progrès, sollicitons ses sourires, encourageons ses capacités motrices avec des petits jeux, des comptines, entretenons une relation d’équilibre pour favoriser son épanouissement dans un environnement harmonieux et stimulant, nous le socialisons et lui donnons notre culture sans même réaliser que nous reproduisons des gestes ancestraux.
Nous avons rendu visite à un petit bébé de trois semaines. Comme soudain, dans le reflet d'un miroir, je retrouvais dans l’attitude de la maman, des postures, un regard, un discours que je tenais il n’y a pas si longtemps, ( peut-être suis-je toujours ainsi d'ailleurs) il y a un ou deux mois à peine. On est là pour protéger, s’attacher à ce petit être si frêle qu’on trouve si beau et merveilleux de façon absolument pas objective mais ce n’est pas grave, c’est même essentiel d’être dans cette réalité qui n’appartient qu’à la maman prise dans cet amour inconditionnel qui permettra à son enfant de survivre et s’épanouir dans ce nouveau monde, sans être englouti par un environnement trop complexe et des personnes trop nombreuses dont on ne peut saisir, quand on est bébé, les intentions. Alors, avoir pour soi le giron maternel et surtout ne pas le laisser filer.
Elle était là, tenant ce bébé contre son sein pour le nourrir, le portant dans sa chambre pour le laisser dormir, loin des mains de ceux qui le convoitent, juste un peu, pour le porter, parce qu’un bébé c’est attirant et si vulnérable.
Mon bébé devient un petit garçon, c’est à dire que ses pleurs deviennent des appels ou des rappels ( à l’ordre), ses sourires sont enjôleurs, timides, conquérants... bref, on peut leur prêter une intention, des sentiments, ses mouvements sont mus par une intention, un désir, son regard est vertical et nous fixe dans une longue conversation, il prend des habitudes et nous avec... on trouve un rythme qui bâtit peu à peu notre nouveau quotidien. Je ne crois pas que deux mois et demi suffisent pour prendre le temps de se connaître et d’apprendre à se faire confiance pour pouvoir partir sereinement au travail et être séparé de sa maman toute une journée. Dur, dur !!!
Ce sont des moments merveilleux. Certes, il faut beaucoup donner et accepter de n'avoir d'autres projets que ceux qui sont directement liés à son bébé. Frustration non négligeable qui exacerbe un sentiment d'isolement souvent chez la maman au bord de la déprime les deux ou trois premiers mois. Puis, vient le rythme de croisière et là, rien ne nous atteint, comme si, je l'avais lu dans un blog, la maman n'avait plus qu'un neurone. Nous ne sommes plus dans la vie trépidante du monde actif, mais plutôt dans la vie au rythme de bébé et c'est très bien ainsi. No stress, sinon le soucis d'être une mère présente, attentive, attentionnée et affectueuse ( amoureuse ?).