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5 juin 2009 5 05 /06 /juin /2009 13:54

Ce matin, Elliot, toujours dans mon ventre, m’as accompagnée à l’école maternelle de ma cousine. J’ai présenté à ses élèves, le conte “du petit lapin coquin” de mon invention. Il ressemble un peu à Elliot. C’était l’aboutissement d’un projet de présentation d’un conte que j’avais inventé, illustré par des décors et accompagné d’une musique pour en marquer plus clairement les différents temps. Avec le soutien des personnages en tissu et en carton les enfants ont regardé et écouté cette histoire qui durait une douzaine de minutes. 

Puis, avec un grand tissu rose, ils se sont coordonnés pour faire sauter les personnages sans les faire tomber jusqu’à la fin de la musique de l’histoire qui est entraînante puisqu’on fête les retrouvailles entre petit lapin coquin et ses parents. 

Les enfants ont alors posé tout doucement le grand voile rose et ont ramené les personnages dans leur maison, car après cette journée pleine d’émotions tout le monde a sommeil et rentre dormir.

Pendant que les animaux dorment, les enfants de retour à leur place regardent les photos des livres documentaires sur les abeilles, les lapins et les rapaces que j’avais pris soin d’emporter.

On a re-préciser certains points de l’histoire pour s’assurer que tout avait été retenu.

Les parents de petit lapin l’avait mis en garde contre le chat aux longues dents et griffes, mais petit lapin n’avait jamais vu de chat. Alors, il le comparait à ce qu’il connaissait, c’est à dire une fourchette avec des dents plus longues et pointues. Ses parents lui avaient également parlé des rapaces, mais, là encore, petit lapin ne pouvait les imaginer que comme une carafe ventrue avec un bec acéré. Rien de vraiment effrayant, surtout quand on est un petit lapin qui meurt d’envie de sortir de son terrier en dépit des interdictions de ses parents.

Pour se mettre à la place de petit lapin, je demandais aux enfants de me dire s’ils connaissaient le “portebarbe”. Aussitôt j’entendis, “il a une barbe”, certains ajoutèrent une barbe blanche. Finalement, certains en conclurent qu’il s’agissait du Père-Noël. Je les surpris en leur expliquant qu’il s’agissait d’une sorte de hérisson avec de grandes aiguilles munies de petites boules rondes à leur bout. Je rajoutais bien vite que je venais juste de l’inventer et que ça n’existait pas. Mais, voilà, quand on ne connaît pas quelque chose, ça ne nous empêche pas de l’imaginer. On utilise les repères qu’on a et petit lapin ne connaissait rien de plus ressemblant à un chat qu’une fourchette quand il écoutait la description faite par ses parents. De même, pour le rapace.

Les enfants ne connaissaient pas le mot rapace ou même des rapaces. Nous en avons découvert quelques-uns grâce aux photos du livre que j’avais apporté. Nous avons également pu découvrir l’abeille depuis son état larvaire jusqu’à son apparence connue (les abeilles ne portent pas leur bébé) et parler de ses activités de bûtinage. Peu d’enfants semblaient avoir déjà goûté du miel. Certains connaissaient son goût dans des céréales ( mielpop’s). 

De même, nous avons découvert certaines espèces d’oiseaux et chacun a pu choisir celui que l’oiseau en tissu représentait. Les enfants reconnaissaient le rouge-gorge, ils ont découvert le rouge-queue, le tarier pâtre, différentes sittelle, le bouvreuil, la pie grièche écorcheur...

Ce temps leur a plu semble-t-il ? Lorsque je leur ai demandé quel animal dans l’histoire, ils avaient préféré, l’un opta tout de suite pour petit lapin, une autre me dit tous...

Ils avaient apprécié de faire des vagues avec le tissu rose à la fin et faire sauter les animaux. 

De mon côté, un peu tremblante pour le premier groupe au début, je me suis sentie très vite à l’aise et, comme l’acteur sur scène, j’étais investie par mon rôle de conteuse et emportée par l’histoire. Je sollicitais les enfants du regard et obtenais leur attention par de multiples changements d’expressions, de tonalités, de rythmes, de temps émotionnels variés.

L’intervention dura environ 30 minutes pour chaque groupe. J’étais lessivée à la fin, car tenir tout le monde en haleine et attentif nécessite de déployer beaucoup d’énergie. Et puis, mon ventre se contractait car je ne prenais pas toujours le temps de respirer et je le contraignais dans une posture trop pliée. 

Je suis heureuse d’avoir été jusqu’au bout de mon idée et qu’elle se soit épanouie. De cette envie, il reste le sentiment qu’il s’agit bien plus que de cela et qu’il y a encore tout un champs de possible à développer et réaliser.

J’ai été ravie de faire mes premiers pas de conteuse sans le recours à un texte écrit et lu mot à mot, avec Elliot dans mon ventre. Grâce à lui, j’ai un capital sympathie gagné d’avance auprès des enfants.

Cette école m’a accueillie avec beaucoup de gentillesse et m’a laissée une excellente impression quand à son organisation spatiale, matérielle et humaine.

J’ai remis mes décors dans la voiture, éteins l’ordinateur. Rien que ces gestes de gestion de matériel ont donné une épaisseur, comme une trace de l’existence de ce moment qui restera marqué dans l’espace faute de rester dans les esprits.

Qu’en auront retenu les enfants ? A part le livre sur les abeilles trouvé dans la bibliothèque, ils n’ont aucune aide visuelle pour se souvenir. 

Ont-ils été sensible au sujet abordé qui était autant celui de la naissance que celui de la désobéissance, mais, finalement celui de l’encouragement à l’affirmation de soi et la prise d’initiative pour démontrer son progrès vers l’autonomie.

Françoise Dolto disait qu’il fallait interdire à l’enfant ce qu’il ne pouvait faire sans s’exposer à un danger, afin certes de le préserver mais aussi de lui confirmer que là, il ne pouvait pas faire cela,  et ainsi le rassurer par rapport à la perception de ses compétences, mais, que, lorsque l’enfant transgressait cet interdit avec succès, il fallait l’en féliciter car il montrait ainsi qu’il avait franchi un cap et qu’il avait su juger de ses compétences et passer outre l’interdit qui n’avait plus de raison d’être. Aux parents alors de le féliciter afin de prendre conscience ensemble des progrès de leur enfant et d’apprendre à se faire mutuellement confiance. C’est pourquoi, le papa est fier de ce petit lapin, certes, désobéissant, mais qui gagne en autonomie.

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