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29 avril 2009 3 29 /04 /avril /2009 09:39

Cet état bien particulier, long et finalement si bref à la fois, interroge autant sur l’avenir que sur ce présent si prompt à devenir du passé.

Profiter de ce moment privilégié, c’est vivre pleinement l’instant présent, celui qui est généralement envahi par le stress quotidien. Le temps s’est arrêté un instant et pourtant... 

Un être est en devenir.

Charles Péguy définit le temps comme un passage. Le présent n’existe pas puisqu’il ne subsiste pas, il est sans durée. Or exister c’est durer. Le temps est donc un passage. Il permet au chose d’advenir et finalement de n’être plus.

Le bébé qui bouge en moi va naître. Comme un projet qui se construit et qui va aboutir. Tout mon corps et mon esprit sont tendus vers cet événement en cours et à venir, indifférent à ces considérations temporelles comme si le temps de l’attente réunissait dans une même unité le passé réactivé, le présent si prégnant et l’avenir préparé et inéluctable.

De cette distanciation avec le temps, se développe une sorte de sérénité qui permet de percevoir les difficultés quotidiennes de façon relative et de s’ouvrir à d’autres formes de penser car rien ne semble pouvoir atteindre ou déstabiliser ce petit château d’ivoire qui nous protège et rend le monde beau.

La grossesse est un moment de réconciliation avec notre nature humaine. Comme un éternel recommencement qui nous surprend, quand, soudain on s’inscrit dans ce cycle de vie et de mort qui ne semblait pas nous toucher jusque là, et sentir son appartenance à ce tout, après avoir expérimenté la vie de l’électron libre qui ne sait pas que sa vie est éclatée tant qu’il n’a pas trouvé ce tout qui lui donne son identité, son but et le sens à toute chose. Nous sommes les membres d’une espèce dépendante d’un milieu, dépendante de son patrimoine génétique, dépendante d’un cycle de vie et de mort et en donnant naissance, nous sommes les acteurs de l’épanouissement de la vie qui nous anime, et qui nous animait bien avant que nous ne la percevions. Le miracle de la maternité c’est tout cela, ce tout qui nous ramène à nos origines et fonde notre existence, c’est aussi la conscience de ce temps qui file et avec lui des rêves non tentés. Donner un peu de réalité et se donner les moyens de les concrétiser est un pas vers l’idée que toute idée n’est bonne que si elle est tentée. 

La grossesse, c’est aussi un temps de réconciliation avec le mot famille. Il prend une nouvelle dimension. La famille contient autant notre histoire que l’avenir de l’enfant qu’on porte. Il sera aussi tel qu’il est parce qu’il est de ces familles-là, celle du père et de la mère. Les expériences de la vie le construiront également bien sûr. On pose les questions sur nos propres débuts de vie et sur le ressenti de nos parents. Aujourd’hui, cet accueil des premiers jours de vie est pointé comme la cause de beaucoup de troubles psychologiques voire pathologiques de l’enfant puis de l’adulte.


Nous ne souhaitions pas avoir d’enfant. Voilà des mots que notre entourage a souvent entendu. A force d’arguments plus personne n’y croyait. Beaucoup d’incompréhension et finalement, certains, découragés par la difficulté d’éduquer leurs enfants ou sensibilisés par nos arguments inspirés autant par l’écologie que par l’affirmation de notre incapacité à gérer l’éducation d’un enfant dans le rythme de notre vie actuelle, tombaient d’accord avec notre choix. 

Est-ce le temps, encore lui qui nous a rattrapé ? Peut-on enfouir réellement ce désir d’enfant derrière des arguments ? Nous avons décidé, il y a quatre ans, d’arrêter toute contraception, advienne ce qui devra. Laissant au hasard et au temps le bonheur d’avoir un enfant, nous avions fini par penser que nous ne serions jamais parents. Au début de l’automne, pourtant, l’enfant est venu. Mieux, au début de l’hiver il a confirmé qu’il restait. 

Nous étions les parents les plus heureux du monde. Nos parents n’en revenaient pas.Ils ne s’attendaient pas à une telle nouvelle le jour où nous les avons réunis pour un simple repas convivial. Il faut dire que je fête mes quarante ans cette année. La joie était au rendez-vous et les sarcasmes ne sont pas venus. A croire que personne ne nous avait jamais vraiment cru quand nous refusions la perspective d’un enfant.

Mais, l’histoire personnelle de chacun nous amène parfois sur des chemins qu’on suit plus par impossibilité de tenir une autre voix, du moins c’est ce que l’on croit, puisqu’un jour, il suffit d’un rien, là d’un test de grossesse positif, pour qu’on change de chemin sans plus aucune considération pour tout ce qui nous en empêchait jusque là. 

La venue de l’enfant a changé ma perception de la vie. Plutôt déprimée ( pas dépressive), peu confiante en moi, perdue dans mes rêves, très négative sur ma capacité d’action, j’ai découvert dans ce temps rendu par la nécessité du repos, la douce langueur qui offre le temps d’exister. D’abord inquiète puis subjuguée finalement confiante, ce rêve puis cette chose qui m’assiège puis cet être qui prend forme au fur et à mesure des échographies, tout ce cheminement est devenu la réalité d’un être à naître dont il va falloir s’occuper qui n’est pas qu’un fantasme mais une réalité vraie, impérieuse et qui nous rappellera sans cesse à nos obligations. 

Dans ce contexte, nous avons été amenés à nous poser énormément de questions, à nous positionner sur certains choix encore marginaux. J’aimerai soumettre certains sujets ici afin de susciter des réflexions et partager les expériences de chacun.

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commentaires

G
Je vous souhaite que tous vos choix soient, comme celui d'avoir un enfant, éclairés et conscients.<br /> Belle fin de grossesse et ... tout le reste!
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